Une étude TNS Sofres réalisée en 2007, sur les Français et leur habitat, montre de manière statistique que la majorité des Français aspire à une vie en habitat individuel, afin, disent-ils, de disposer d’espaces plus grands et plus de liberté. Plusieurs études sociologiques montrent au niveau mondial une volonté du même type et l’on a connu à l’échelle mondiale depuis les années 50, un accroissement du phénomène de périurbanisation, le développement des habitations étalé autour des villes.
Cependant, une partie des écologistes, sociologues, architectes, urbanistes et ingénieurs s’alarment, et plaident pour l’augmentation massive de la densité urbaine, dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Ceci semble ne pas concorder avec les aspirations des habitants à une meilleure qualité de vie. Mais ces deux termes sont-ils réellement opposés ? Ne peut-on pas augmenter la qualité de vie et la densité urbaine de manière simultanée ? Comment rendre attractive une ville dense, et éviter la périurbanisation ainsi que la péri-socialisation. C’est la question à laquelle tâchera de répondre ce mémoire, non pas en étudiant et confrontant les théories existantes, mais bel et bien en apportant un regard complet et nouveau afin de proposer de manière pragmatique des solutions applicables à court et moyen-terme, permettant de faire apprécier la vie dans des villes plus denses tout en les rendant efficaces.
Deux raisons primaires sont données à ces aspirations, qui sont d’une part le désir d’habiter une maison individuelle, et d’autre part les mauvaises expériences des grands ensembles des années 60, où la densité urbaine s’est limitée au développement du logement social. Cependant les obstacles à la densification urbaine sont très complexes et méritent d’être étudiés en profondeur. Ceci permettra d’identifier clairement les enjeux soulevés par l’étalement urbain et de fixer des objectifs à différentes échelles, et à plus ou moins long terme, en fonction des impératifs de préservation de la planète, mais plus largement en fonction des objectifs de développement durable, et surtout en fonction des nouvelles données que sont les crises financière et de l’immobilier.
Une stratégie et un plan d’action pourront être mis en place, alliant les trois piliers du développement durable au sein d’une ville dense, apportant des réponses nouvelles à des questions qui ne le sont pas, en s’appuyant sur la conjoncture actuelle.
Analyse des obstacles administratifs à la densification urbaine
Définitions différentes de la densité
Les définitions de la densité urbaine sont nombreuses et provoquent une perception différente de chacun de la densité, favorisant la polémique : certains préfèrent apprécier le nombre de personnes par logement, la surface habitable par habitant, le nombre de logements par hectare, d’autres encore se basent sur le nombre de logements ou d’entreprises dans un espace qui peut être lui aussi défini différemment.
L’outil utilisé par les règlements d’urbanisme et les architectes est le coefficient d’occupation au sol (COS) pour évaluer la densité constructible : c’est la surface de plancher par m² de terrain.
En fonction des besoins d’évaluation, d’autres définitions plus pertinentes peuvent être utilisées telles que la densité bâtie, la densité nette ou brute d’habitants et la densité nette ou brute de logements. Cependant, ne disposant pas d’un consensus sur une définition commune, la comparaison entre les densités des différentes villes devient impossible.
Contraintes dans le cadre des Plans Locaux d’Urbanisme
En France, le Plan Local d'Urbanisme (PLU) est, depuis la loi 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains (dite loi SRU1), le principal document d'urbanisme de planification de l'urbanisme communal ou éventuellement intercommunal. Il remplace le plan d'occupation des sols (POS). Les petites communes se dotent souvent quant à elles d'une carte communale. Il divise le territoire en zones urbaines, à urbaniser, agricoles et forestières, et réglemente la gestion des espaces sur une dizaine d’années, par exemple les types d’occupation autorisées, la hauteur des constructions et le coefficient d’occupation au sol (COS).
Cependant, les PLU sont vécus comme une contrainte pour la plupart des habitants urbains. En effet, certains projets innovants peuvent être bloqués de manière administrative selon les communes. En matière environnementale par exemple, malgré la présence dans le PLU du Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), les PLU contraignent fortement les installations productrices d’énergies renouvelables, tel que les panneaux solaires et les éoliennes, partant du principe que ces installations dénaturent le paysage de la ville. Ainsi les contraintes administratives urbaines encouragent les habitants porteurs d’initiatives à s’éloigner des villes. Ceci a tendance à changer aujourd'hui avec les nouvelles réformes issues du Grenelle.
De plus, ces Plans Locaux d’Urbanisme ne sont pas toujours coordonnés entre eux, ni avec les Agenda 21 locaux, qui proposent une liberté de choix et une concertation plus ouverte sur les questions environnementales. Ceci aboutit souvent à une faible cohérence urbaine et peut contraindre la densification urbaine, malgré un changement de politique en termes de densité urbaine qui s’opère depuis quelques années.
Ces contraintes administratives poussent donc certains habitants urbains à s’installer dans une zone éloignée du centre, voire rurale, afin de disposer d’une liberté d’action en matière d’habitat. D’autres sont motivés par la réduction de leur empreinte écologique de manière individuelle, dont la possibilité est réduite en ville de manière structurelle (fait prouvé lors d’une étude menée sur l’éco-quartier Bedzed à Londres où l’empreinte écologique diminue de manière structurelle).
Nous verrons que les contraintes sont en réalité plus nombreuses que cela!
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