L’identification de l’ensemble des contraintes poussant les habitants à s’installer dans les zones périurbaines permet donc de faire ressortir les enjeux principaux du phénomène de périurbanisation, afin de fixer des objectifs clairs à plus ou moins long terme. L’enjeu principal est donc celui du développement du phénomène de périurbanisation, mettant à mal les enjeux du développement durable, et représentant un bon nombre de dangers. Les événements actuels permettent cependant d’entrevoir la mise en place d’un nouveau modèle, afin de changer les comportements des humains.
Le phénomène de périurbanisation
La littérature scientifique sur la ville oppose bien souvent la ville historique aux formes périurbaines. Dans cette optique, la ville historique correspond aux centres anciens et se caractérise par la diversité et la densité. Par opposition, la forme périurbaine, diffuse et connexe, se développe autour de nœuds d'infrastructures, dans les secteurs périphériques. Son développement rapide serait la résultante de l'adéquation entre les changements sociologiques caractérisant les sociétés occidentales contemporaines, avec une envie d’espace, de liberté, de vie privée, verdure, et l’ensemble des contraintes énumérées en première partie du rapport.
On cite souvent l’exemple de Phoenix aux Etats-Unis, étant une ville très étendue (70 km de long sur 50 km de large).
Les enjeux du développement durable
Les objectifs principaux poussant à augmenter la densité urbaine sont en réalité les objectifs fixés par une démarche de développement durable. Ils concernent en l’équilibrage des trois piliers du développement durable : économique, social, et environnemental.
1.2.1. Développement économique favorisé par la ville
C’est le pilier le plus développé, et principalement celui qui a fait naitre la ville : la concentration d’habitants urbain a permit de développer l’industrie, le commerce. L’augmentation de la densité urbaine est un vecteur moteur pour la croissance économique, en concentrant l’ensemble des compétences et des services, qu’elles soient primaires ou de support. Le pilier économique n’est donc pas à mettre de coté dans notre démarche d’amélioration de qualité de vie urbaine.
Respect et préservation de l’environnement grâce à la densité urbaine
Plusieurs études montrent qu’il existe une corrélation inverse entre la densité d’un tissu urbain et la consommation d’énergie par habitant : plus une ville est dense, plus elle est économe en énergie. Cette consommation d’énergie concerne principalement les déplacements, le chauffage, l’éclairage, les taches et loisirs ménagers.
Une étude réalisée dans une trentaine de villes en 1980 par Y. Zahavi, puis reprise P. Newman et J. Kenworthy en 1988, illustre la relation Densité/Consommation d’énergie. En 1980, à Phoenix (1153 habitant par km²), à Detroit (2395 ha/ km²), à Los Angeles (3041/Km²), villes étalées aux faibles densités urbaines, on consomme 5 à 7 fois plus de carburant qu’à Singapour (6751 ha/km²), Hong Kong (6688 ha/km²), ou Amsterdam (4477 ha/km²), villes compactes, aux plus fortes densités. Les citadins américains consomment encore quatre fois plus de carburant que les habitants des villes européennes, historiquement plus concentrées. Les villes australiennes, Perth (274 ha/km²), Sydney (350 ha/km²), et Melbourne (479 ha/km²), moins denses mais très étendues, rappellent le modèle américain, où la voiture est indispensable.
Dans l’étalement urbain, c’est le facteur environnemental qui n’est pas respecté à l’heure actuelle, mais dont l’évolution devrait se faire rapidement avec les objectifs de la loi Grenelle 1, fixant par exemple 20% d’efficacité énergétique en plus d’ici 2020.
L’efficacité énergétique sera d’autant plus facile à améliorer que les villes seront denses. Un immeuble, des maisons mitoyennes, consomment moins d’énergie de chauffage puisqu’elles se chauffent mutuellement et créent de l’inertie thermique. Un logement collectif consomme en moyenne 20% de moins qu’une maison individuelle. Dans le bâtiment, l’objectif est d’atteindre le facteur 4, c'est-à-dire la division de la consommation énergétique des bâtiments par 4 d’ici 2050.
En zone périurbaine, cette phase est déjà amorcée avec l’avènement des maisons écologiques et habitats individuels labellisés BBC (Bâtiment Basse Consommation). En milieu dense, les logements collectifs peuvent, et doivent augmenter leur efficacité énergétique en rénovant et construisant des bâtiments à basse consommation d’énergie. On pourra s’inspirer du projet Renaissance, d’Olivier SIDLER (ENERTECH), afin d’établir un programme de rénovation au sein des logements collectifs.
D’autre part, la densité urbaine permet de réduire considérablement les déplacements, que ce soit les déplacements pendulaires ou les déplacements liés aux loisirs. Quel que soit le moyen de transport utilisé, les émissions de CO2 se trouvent fortement augmentées par le phénomène de périurbanisation. Il convient donc de réduire tous les types de déplacements en densifiant les villes, et favoriser les transports en commun, moins émetteurs de gaz à effet de serre.
Enfin, on regrette souvent le manque d’espaces verts dans le milieu urbain. Or, ceci tend à changer depuis quelques années : les élus et architectes aménagent des espaces verts accessibles à tous, permettant de s’évader rapidement. De plus, la densité urbaine occupe moins de terre et laisse lieu à plus d’espaces naturels très proches des zones denses.
Développement du pilier social
En poussant la réflexion un peu plus loin, on peut facilement se rendre compte que la pyramide des besoins de Maslow s’en trouvera affectée. Les besoins sociaux et d’appartenance à un groupe, pouvant procurer le sentiment d’acceptation dans une ville dense ou l’on se côtoie, semblent être mis de coté ce qui entrainerait une régression selon la théorie de Maslow.
Le pilier social mérite donc d’être revalorisé et vu d’une autre manière au sein d’un environnement dense.
Les dangers multiples du milieu urbain dense ou étalé
L’étalement urbain déclenche toute une série de risques pour la planète, mais aussi à plus court terme pour les habitants, les dangers sont bien plus que celui du réchauffement climatique, et il convient de souligner les dangers d’une densification extrême.
Risque d’isolement de l’homme
L’un des risques est celui d’isoler l’homme dans la ville par rapport à la nature. Beaucoup déplorent le fait qu’un urbain ne connaisse pas la nature autrement que celle décrite dans les livres. Malgré une connaissance académique, seules les réelles sensations permettent de mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons.
A l’opposé, l’étalement urbain risque tout simplement d’isoler l’homme par rapport à ses concitoyens, et de rompre le lien social. On pourrait imaginer, avec les technologies nouvelles, que ces relations soient totalement virtuelles et tiennent à la subordination aux moyens de communication à distance (Téléphone, Internet).
L’objectif issu de ce risque d’isolement est donc de favoriser les liens sociaux et les liens avec la nature.
Concentration de problèmes en ville
La concentration d’habitants dans les logements construits dans les années 60 a crée en France une série de problèmes sociaux tels que la délinquance et la « ghettoïsation ». Dans ces formes originelles de la densité urbaine, les organismes, aidés par l’Etat, ont concentré des problèmes qu’ils ne savent plus gérer. La seule solution trouvée jusque là a été la démolition, afin de donner jour à de nouveaux quartiers moins denses et plus espacés.
On a tendance à penser que, pour éradiquer la délinquance, il faut démolir les bâtiments où elle loge. Mais le réel problème est-il la seule présence de ces bâtiments ? N’existe-t-il pas de solution médiane ? A Manhattan (New York, Etats-Unis) par exemple, la densité est de 25 835,21 hab./km2, et il semble que les problèmes de criminalité connus par le passé soient en grande partie réglés. L’enjeu est donc de taille pour les villes Françaises.
Un ensemble de croyances et de craintes erronées
Si la densité peut être mesurée de façon objective, elle est ressentie de manière subjective par la population. Emprises au sol, hauteurs, séparation des fonctions sont autant de caractéristiques susceptibles d'influer sur les représentations sociales de la densité. La densité est perçue comme le manque de confort et d’espace. L’Observatoire de la Ville parle du « poids des modèles culturels ». L’enjeu ici est donc de faire plaire aux gens l’idée de la vie en zone urbaine dense.
2008, l’année tournant de l’étalement urbain?
L’éclatement de la bulle financière amorcée par celui de la bulle immobilière, a fait entrevoir, aussi bien à travers la période précédent la crise économique, que la période d’incertitude que nous vivons, des possibilités de changement durable des habitudes et aspirations des habitants. Dès 2008, le fléchissement du marché s’est fait sentir et a mis les promoteurs en difficulté financière. En 2009, une chute importante des prix de l’immobilier est attendue, dans toutes les zones, mêmes urbaines.
De plus, le prix du pétrole a explosé pour entamer une chute historique à partir d’aout 2008. On a pu voir qu’une augmentation subite du prix du pétrole entraine des changements de comportement importants au niveau des consommateurs : les déplacements ont été limités, les prix des habitations se trouvant en zone périurbaine réévalués à la baisse.
Malgré une baisse du cout du pétrole du à la crise, le cout de l’énergie de transport croît constamment sur le long terme: que ce soit l’électricité, le gaz ou le pétrole, les ressources s’épuisent alors que la demande ne fait que croitre.
Une série d’objectifs clairs
De manière claire et synthétique, les objectifs issus de ces enjeux sont donc :
Ø Densifier les villes pour réduire les consommations d’énergie de 20% à égale répartition pour le chauffage et les déplacements.
Ø Procurer un avantage économique à la densification urbaine : réduire les couts en milieu dense par rapport aux milieux périurbains.
Ø Augmenter le niveau de vie des centres urbains.
Ø Faire cohabiter le désir d’intimité et celui de vivre ensemble.
Ø Informer sur la nécessité de densifier le milieu urbain
Ø Allier espaces verts, habitats et commerces.
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